Ānāpānasati : technique méditative pour accéder aux états de conscience modifiés de la mort de l’ego.
Cet article a été mis à jour le 4 mars 2024.
Dans cet article, on vous livre les étapes sur la façon de pratiquer la méditation Ānāpānasati. Nous vous détaillons chaque phase une à une. Ainsi vous aurez l’occasion de pouvoir les travailler à votre rythme, étape par étape, “step by step”. Pour démarrer, si vous désirez être guidé en l’écoutant, je vous propose la version gratuite de notre cours à télécharger.
Il est dit que le bouddha historique, Siddharta Gautama, aurait atteint l’illumination (expérience de conscience modifiée de mort de l’ego) en faisant cette méditation. On pourrait dire que toutes les méditations actuelles partent de celle-ci ou sont des parties d’Ānāpānasati : de Vipassana à Samatha, en passant par la pleine conscience et la méditation sur le physique, etc.
La méditation Ānāpānasati offre une voie pour explorer les profondeurs de la vie intérieure. Cette technique ancienne, est une invitation à plonger au cœur de la vie intérieure. N’hésitez pas à nous laisser vos avis dans les commentaires!
Mais avant de passer en revue les étapes complètes de cette méditation d’exception qu’est Ānāpānasati, revenons un instant sur ce qu’est la méditation.
Qu’est-ce que la méditation ?
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Communiquez avec soi-même.
Pour faire simple : prier c’est une façon de “demander à dieu” alors que méditer c’est communiquer avec soi-même. Vous voulez pratiquer la méditation pour retrouver le calme juste en fermant les yeux ? Alors, malgré ce que vous pourrez lire dans certains livres, vous faites fausse route. Car la première des choses à laquelle vous allez être confronté, c’est à vous-même : vos pensées, vos doutes, vos mémoires, vos idées, vos sensations … à la douleur corporelle due aux postures … un inconfort respiratoire, un esprit agité, et j’en passe … Mais rassurez-vous, avec la pratique, tout cela va s’estomper jusqu’à ce que ces expériences mentales et physiques deviennent vos amies !
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Illumination et mort de l’égo.
Ensuite, il est important de démystifier le caractère sacré autour de la méditation. Bouddha a certes fait une expérience de conscience modifiée qui à l’époque était rare, extraordinaire. Mais aujourd’hui, ces mêmes expériences sont de nouveau vécues par des millions de personnes, et plus régulièrement. D’ailleurs, étant devenues plus banales dans notre quotidien, on ne parle plus d’illumination mais de mort de l’ego, d’expériences de conscience modifiée, ou encore d’expériences de conscience altérée (à ne pas confondre avec un symptôme pathologique). La méditation Ānāpānasati nous enseigne que la vie se déploie simplement à chaque instant, dans chaque souffle, dans chaque pensée.
En pratiquant Ānāpānasati de façon assidue, vous parviendrez facilement à faire l’expérience de conscience modifiée de la mort de l’ego – une forme d’illumination. Grâce à sa pratique quotidienne, vous découvrirez également dans cet espace qu’il existe plusieurs degrés et qu’aucun ne ressemble à un autre. C’est un guide vers une compréhension plus profonde de notre être et de sa nature éphémère. La loi de l’impermanence sera toujours à vos côtés. De ce fait, chaque méditation que vous ferez, chaque nouvelle forme modifiée de conscience que vous expérimenterez ne sera jamais identique ni à un précédent ni à un suivant.
Les bienfaits de Ānāpānasati.
L’erreur de la perfection
Bien entendu, ne pratiquez pas cette méditation en vous fixant l’objectif d’atteindre cette expérience ! Sinon ce sera une meilleure façon pour vous en éloigner … En cas de non-réussite, vous seriez en conflit avec vous-même. Gardez en mémoire : méditer c’est communiquer avec soi-même. Cela comprend donc tout ce qui se vit en vous, que vous ayez les yeux fermés ou ouverts. En méditant, vous en devenez juste conscient.
La posture mentale à adopter est tout simplement celle d’être présent. Sans rien attendre. Juste être dans le moment, ici et maintenant. Juste vous ainsi que tout ce qui vous compose, mais également tout ce qui vous entoure. Éveillez aussi en vous cette conscience que rien n’est bon ni mauvais, rien n’est positif ni négatif.
Que veut dire Ānāpānasati ?
L’attention sur le souffle.
Ānāpānasati signifie « attention sur le souffle ». Nous respirons chaque seconde tout au long de notre vie. Mais, à votre avis, combien de fois avons-nous une respiration pleinement consciente? Consciente de la durée de notre souffle, de sa qualité ? Faites cet exercice avec moi. Fermez les yeux, et posez vous doucement sur votre respiration. Observez l’inspire, puis l’expire. Est-elle courte ? Est-elle longue ? Saccadée ? Profonde ?
Maintenant, observez son intensité : respirez-vous bruyamment ou en silence ? Ensuite, observez sa qualité : votre respiration est-elle complète ? Aussi profonde à l’inspiration qu’à l’expiration ? Respirez-vous en gonflant le ventre et la poitrine ? Avec Ānāpānasati, nous développons une sensibilité profonde à l’intensité et à la qualité de notre souffle, révélant ainsi des nuances insoupçonnées de la vie intérieure.
Puis, le souffle lui-même. Observez d’abord son début, à chaque inspire et à chaque expire, juste le début. Ou prend-il sa source ? Sur quelle partie du corps ? Est-il froid, chaud, tiède ? Le début est-il puissant, faible, bruyant, silencieux ? Remarquez chaque détail.
Observez ensuite son milieu. Quelle espace remplit-il à l’inspire ? Quel espace vide-t-il à l’expire ? Quelle est sa légèreté, sa lourdeur, sa clarté, sa confusion ? Quel est son émet-il ? Vient la fin de votre mouvement respiratoire. Est-il complet à l’inspire comme à l’expire ? Observez la fin de votre souffle. Enfin, où va-t-il ? Que nourrit-il ? Quelle énergie particulière produit-il ? Dans la pratique nous explorons la totalité du cycle respiratoire, découvrant ainsi la dynamique changeante de la vie à chaque inspiration et expiration.
Ce qui se cache derrière le souffle.
Le souffle sera votre métronome.
À chaque inspire et expire, regardez sa naissance, son milieu, sa disparition. Que remarquez-vous : vos inspirations et expirations sont-elles identiques ? Quelles sont leurs différences ? Voilà ce que signifie attention sur le souffle ou Ānāpānasati. Soyez conscient de votre respiration durant toute votre méditation car ce sera votre métronome. Et pour conclure, posez-vous cette question : combien de fois par jour êtes-vous vraiment conscient de votre mouvement respiratoire ?
Les étapes de la méditation d’Ānāpānasati
Ānāpānasati est une méditation qui comporte 4 tétrades ou phases. Une phase dans ce contexte étant un groupe de 4 éléments donc la méditation comporte 16 étapes ou 16 phases. Une session complète d’Ānāpānasati devrait se faire dans l’ordre, en commençant par la 1ère tétrade, puis la seconde et ainsi de suite jusqu’à la dernière.
Tenter de raccourcir ou enlever une étape ne fera qu’élever votre ego plutôt que de le rendre moins bruyant et d’apprendre à communiquer avec lui. Comprenez que ce processus est très puissant et qu’il permet d’atteindre cet état de conscience modifié que les bouddhistes appellent le Nirvana. Qui n’est en fait rien d’autre qu’une transcendance psychique. Carl Gustav Jung avait son avis sur la question : il appelait cette expérience la mort psychique.
La mort psychique
La méditation Ānāpānasati nous enseigne que la vie intérieure transcende les limites des doctrines religieuses et des dogmes, offrant ainsi un chemin vers la découverte de soi accessible à tous.
Ce même état est connu chez les soufis, chez les hindouistes, les kabbalistes, les chamans, les druides. Il est accessible à tout un chacun sans avoir besoin de faire partie d’un dogme ni d’une religion. Rappelons tout de même que Bouddha n’était pas bouddhiste lorsqu’il a fait cette expérience d’ego modifiée, tout comme Jésus n’était pas catholique.
C’était des êtres sans loi ni foi hormis en leurs fortes intuitions. Et c’est justement cette intuition personnelle qu’il convient d’élever en vous pour marcher sur votre chemin. Choisissez un endroit calme de préférence, prenez un zafu ou un coussin confortable. Réservez-vous un moment où vous ne serez pas dérangé. Ānāpānasati peut facilement durer entre 1h00 à 3h ou plus.
– La première phase fera référence aux conditionnements du corps par la concentration sur la respiration et les objets corporels.
– La seconde phase fera référence aux conditionnements de l’esprit par la concentration sur les sensations et les objets mentaux.
– La troisième phase fera référence à la libération de l’esprit en dirigeant l’esprit sur lui-même.
– La quatrième phase fera référence à la Vérité, en ressentant l’impermanence.
Je me servirai du texte du Visuddhimagga, “Le chemin de la pureté” en français, où nous trouvons une description complète de cette méditation. Comme tout texte, il est assujetti à interprétation. La version que je vous transmets ici se base uniquement sur ma pratique personnelle d’Ānāpānasati. Je vous invite maintenant en ce voyage psychique à la découverte de vous-même.
1ère tétrade : contempler le corps
Assis sur votre zafu, les yeux fermés, faites quelques cycles respiratoires, soyez en observation de vous-même, de votre environnement, et commencez les 4 premières phases pour contempler le corps. Durant ces 4 premières phases, surtout si vous débutez, vous pourriez ressentir des grattements un peu partout dans le corps. C’est normal. C’est une bonne occasion pour vous éveiller à ce qui se passe en vous naturellement sans que vous n’y ayez jamais porté attention.
Vous rappelez-vous des fois ressentir comme une envie de vous grattez derrière la nuque, sur le front etc. …? Ce sont tout simplement des mouvements à l’intérieur de votre corps. En règle générale quand on est concentré, on ressent ces envies de se gratter. Essayez de passer outre, mais si cela devient trop fort, gentiment et doucement grattez-vous. Soyez aimant avec vous-même…
Phase 1. Respiration longue
Quand il inspire longuement, il reconnaît : « j’inspire longuement ».
Quand il expire longuement, il reconnaît : « j’expire longuement ».
C’est ainsi que cette 1ère phase est décrite dans le Visuddhimagga, le chemin de la pureté. Cela indique que nous devons commencer par faire de longues et profondes respirations et d’en être conscient.
Phase 2. Respiration courte
Quand il inspire brièvement, il reconnaît : « j’inspire brièvement ».
Quand il expire brièvement, il reconnaît : « j’expire brièvement ».
Cela indique que nous devons être conscient de notre respiration courte de la même manière que nous avons pris conscience de la respiration longue. Une fois que vous êtes conscient de vos respirations longues et courtes, à partir de maintenant, ne contrôlez plus votre respiration mais observez-la simplement et ce, jusqu’à la fin de votre pratique.
En fait, vous aller combiner la phase 1 et 2 en reconnaissant quel type de respiration vous avez. Mais je préconise de forcer le souffle pendant 3 /4 respirations au début, en phase longue et courte, pour comprendre ce qu’est un souffle long et expérimenter ce qu’est un souffle court.
Puis laissez votre souffle se poser naturellement peu importe qu’il soit long ou court, reconnaissez juste l’étendue votre inspire et de votre expire. Et devenez votre souffle plutôt que de le diriger. Si vous êtes dans la démarche de la mort de l’ego, vous pouvez remplacer le « je » par « celui qui sait » tel que le préconise Ajahn Chah. Ce qui donnera : « celui qui sait inspire brièvement » au lieu de « j’inspire brièvement ».
Phase 3. Ressentant tout le corps
J’inspirerai / j’expirerai en connaissant toute la collection. Il s’exerce.
Ce passage nous indique que nous devons apprendre toutes les parties de notre corps, et les conscientiser une à une par la respiration. Vous devrez observer toutes vos nuances corporelles par la respiration.
L’observation
Donc respirer le corps : les cheveux, les yeux, les lèvres, les oreilles, le nez, la peau, les muscles, les articulations , les os, les cartilages, les poils des bras, la barbe, le duvet du dos, les poils des jambes, du sexe, des fesses, les nerfs, les veines, le sang, les globules rouges et blancs, les liquides tels que la salive, l’urine, la bile, la flegme, le sperme, l’eau du corps, les larmes, les gaz tel que l’oxygène, le dioxyde de carbone, les excréments, les organes tel que le cœur, le foie, la rate, le pancréas, l’estomac, la vessie, les organes génitaux. Je m’arrête là, mais vous avez compris que la liste est longue.
Je vous invite à étudier l’anatomie du corps humain dans sa totalité, cela vous aidera à aller de plus en plus en profondeur en vous. Plus vous allez connaître ce qui vous compose vraiment jusqu’à vos microbes, vos champignons, vos vers etc. … plus votre méditation sera profonde. Lorsque vous respirez un objet corporel, respirez sa couleur, sa forme, sa délimitation, son odeur, sa direction.
Expérimentation
Prenons l’exemple d’un ongle : vous allez respirer sa forme ovale, sa couleur blanche aux extrémités et couleur opaque à sa base. Sa direction vers l’extérieur, le devant de soi, sa délimitation, son point de départ juste sous la peau, son odeur, pour accentuer votre conscience à l’odeur, vous pouvez en relever un doucement avec vos dents et sentir l’odeur qu’il y a entre l’ongle et la peau. Celui du pouce étant le plus facile pour ça. Notez que dans les deux premières phases vous devez reconnaître alors quand dans la 3e et la 4e il vous est demandé de vous exercer. Et tout cela se fait en respirant le corps.
Phase 4. Tranquillisant les activités corporelles
J’inspirerai / j’expirerai en apaisant les créations corporelles. Il s’exerce.
Ceci indique clairement de calmer les activités corporelles. Donc une fois avoir conscientisé chaque partie de votre corps dans les moindres détails, il devient alors possible de les calmer. D’où l’importance de prendre son temps pour la phase 3 et d’aller chercher le moindre objet corporel, qu’il soit solide comme les os, la peau, les cheveux, les excréments ou liquide comme l’eau le sang, l’urine, ou gazeux comme l’oxygène, le dioxyde de carbone. De cette manière vous “arrêtez” quasiment tout mouvement du corps, cela détend les battements du cœur, le mouvement du sang, votre respiration, tout devient calme, presque à l’arrêt comme si tout fonctionnait au ralenti.
Ici se termine la 1ère phase d’Ānāpānasati qui à elle seule peut faire l’objet d’une méditation à part entière. Prenez votre temps, ne cherchez pas à obtenir quoi que ce soit. Ce n’est pas la finalité qui compte mais votre pratique sur le chemin. Vous devenez alors en paix avec votre corps. Il devient votre allié, votre ami, votre protecteur.
2e tétrade : contempler les sensations
Alors que la 1ère phase était portée sur la contemplation du corps dans le corps et à la tranquillisation physique, la seconde va s’intéresser à notre mental ainsi qu’à la tranquillisation du psychisme. Quelle que soit la phase ou vous vous trouvez, il convient de continuer à observer simplement vos respirations. Détaillons ces phases en détails maintenant.
Phase 5. Ressentant la joie
Phase 6. Ressentant la félicité
J’inspirerai / j’expirerai en connaissant le ravissement et la félicité.
La 1ère et la seconde phase de la seconde tétrade sont liées entre elles. À ce stade, la joie et le bonheur apparaissent naturellement et graduellement, il n’y a rien besoin de faire, juste à observer. La force énergétique psychique ici est totalement dans l’observation et non plus dans l’action ou le contrôle.
À ce stade, vous devenez donc juste observateur de vous-même, de la joie et de la félicité qui circule en vous. Prenez le temps d’apprécier cette joie et ce bonheur. C’est un passage important pour ne pas tomber dans des craintes et des doutes aux étapes suivantes.
Phase 7. Ressentant les formations psychiques
J’inspirerai / j’expirerai en connaissant les créations mentales.
De la même manière que vous avez pratiqué pour les objets corporels, il suffit d’observer maintenant vos objets et créations mentales et simplement de les reconnaitre pour ce qu’elles sont. Une pensée ? Reconnaissez-la simplement et dites « pensée » ou le nom de la pensée comme, “j’ai faim”, ou “ma belle maman”, ou “je veux arrêter de méditer”, etc…
Un son ? Reconnaissez-le et dites « son » ou le nom du son comme “oiseau, marteau, cri, ventilateur”, etc. Une sensation ? Reconnaissez-la et dites « sensation », ou le nom comme “douleur”, ou “frissons, mains moites”, etc. Une odeur ? Reconnaissez-la simplement et dites « odeur » ou le nom de l’odeur comme “encens, air pur” ou “nauséabond”, etc….
Au fur et à mesure que vous prendrez conscience des objet mentaux, ils vont s’accélérer et vous allez devenir conscient de plusieurs d’entre eux au même moment. Ce qui bien sûr mettra votre mental en surcharge. Pour vous aider, vous pouvez facilement les reconnaître en les regroupant par catégories et dire : “son, odeur, sensation, vision, pensée”, etc. …
Et lorsque ce regroupement devient encore plus intense, vous arriverez à une autre surcharge. C’est bon signe : vous avez déjà un second niveau d’attention. Réduisez-les encore aux 3 instances du mental qui sont : plaisant, déplaisant et neutre. Ainsi peu importe les expériences mentales que vous vivrez, vous n’aurez qu’à les nommer comme plaisante, déplaisante ou neutre.
Cette phase est souvent utilisée pour une méditation à part entière appelée en occident—à tort ou à raison—la pleine conscience.
Phase 8. Tranquillisant les formations mentales
J’inspirerai / j’expirerai en apaisant les créations mentales.
De la même manière que vous avez tranquillisé le corps, ici c’est une invitation à tranquilliser l’activité psychique. Cette tranquillité encore une fois ne peut être atteinte qu’après avoir pris conscience des mouvements et diverses créations mentales. Pour bien comprendre cela, essayez là maintenant de détendre votre main droite. Difficile non ?
Maintenant serrez fortement la main droite pendant quelques secondes, très fortement puis ensuite écartez-la très grande. Là maintenant détendez-la. Que constatez-vous ? Vous pouvez ressentir chaque partie de votre main dans les moindres recoins, donc plus apte à la détendre.
Pour le mental, c’est identique. Le simple fait d’observer toutes ses créations, il devient plus aisé de les calmer. Car votre conscience s’est posée dessus. À ce stade, vous rentrez dans une zone dite phénoménale subtile. Vous êtes déjà dans une conscience modifiée profonde. La respiration semble ici disparaître. Et la paix est en vous …
3e tétrade : la contemplation de l’esprit
À ce stade, le corps et le mental sont apaisés, silencieux, lointains. Votre présence à vous-même et à ce qui vous entoure devient subtil. Vous êtes en éveil comme dans un rêve lucide. L’attachement aux objets du corps et du mental se dissout de plus en plus. C’est l’étape de transcendance. Ici la psyché n’a plus d’activité, l’esprit peut alors se tranquilliser, il y a une forme de connaissance transcendante qui se manifeste, qui s’éveille, qui se développe. Voyons ces différentes phases.
Phase 9. Ressentant l’esprit
J’inspirerai / j’expirerai en connaissant l’état d’être.
Nous pouvons traduire cette phrase par “J’inspirerai / j’expirerai en connaissant la nature de l’esprit”. L’esprit est de nature vide et lumineuse. À ce stade, vous pouvez avoir un signe caractéristique comme une lumière très brillante, ou d’autres sensations comme le son d’une flute, ou un son cristallin. Mais ce n’est pas obligatoire. Ne cherchez pas à tout pris à percevoir quelque chose. Cela ne fera que vous frustrer. Pour vous ici il suffit juste de ressentir la nature de l’esprit, qu’il soit en éveil, lumineux, sonore, kinesthésique ou vide et silencieux.
Phase 10. Réjouissant l’esprit
J’inspirerai / j’expirerai en réjouissant l’état d’être.
Cette phase est en fait la continuité de la phase précédente. Il convient juste de rester encore plus présent à sa respiration ainsi qu’à la nature de l’esprit. Vous allez soit augmenter la brillance ou le son de votre nature d’esprit, soit augmenter le calme et la plénitude mais aussi entrer dans une forme de stabilité.
Notez que l’éclat de lumière peut être furtif parfois et qu’il n’est pas nécessaire de s’y accrocher. Ce n’est pas un éveil à proprement parler. Vous pourriez revenir sur votre respiration consciente si c’était le cas.
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Phase 11. Concentrant l’esprit
J’inspirerai / j’expirerai en concentrant l’état d’être.
C’est une indication à ce stade de concentrer l’esprit pour soutenir l’attention. Ici vos points d’ancrages doivent se situer à la racine de la narine là ou l’air entre en friction avec vos narines en étant dans le point subtil de ce frottement de l’air avec votre peau.
L’esprit se posera alors dans le souffle, et il deviendra le souffle. Un mouvement rotatif peut se faire sentir. Il n’est pas rare non plus dans cette phase, d’avoir énormément d’images oniriques, d’images floues mais lumineuses. Parfois aussi des images très vives et claires. Vous pouvez aussi avoir des visions toute aussi belles, claires et subtiles les unes que les autres. Certaines peuvent aussi être surprenantes, comme archaïques, ou encore primitives.
Là encore, ne vous y attachez pas même si elles vous ravissent. Laissez-les naître, passer et s’évaporer. Ce ne sont que des réminiscences de votre mémoire et de la mémoire collective. J’ai pu observer aussi des accélérations du cœur, ou plutôt sensations d’accélération, parfois de la crainte ou des angoisses légères. Si c’est le cas, restez simplement sur votre souffle et continuez à concentrer l’esprit. À ce stade vous vibrez déjà sur une autre fréquence. Vous êtes dans un espace propice à l’éveil, donc il est tout à fait normal que vous ressentiez d’autres sensations voire perceviez d’autres vibrations qui vous sont non-communes.
Phase 12. Libérant l’esprit
J’inspirerai / j’expirerai en libérant l’état d’être.
Ce moment précis n’est le fruit d’aucune action de votre part, c’est un moment qui surgit de lui-même in the mind (dans votre esprit). Ce n’est pas la libération de l’esprit à proprement parler, ni de l’éveil de l’âme dont il est question, mais de toutes les scories subconscientes.
Cette phase n’est que le résultat d’un lâcher prise, d’un abandon de toute action mentale et physique. Une forme de mort.
Là encore, durant cette phase, certaines inquiétudes peuvent survenir, voire mêmes des angoisses. Il est possible aussi d’avoir des résidents subconscients de scènes désagréables ou situations de vie non-résolues. Il convient de simplement les constater et de revenir sur votre respiration sur le point subtil de friction de l’air avec vos narines. En libérant l’esprit de sa purulence et de ses scories, vous entrez dans l’art du lâcher prise.
4e tétrade : la contemplation des dharmas
Nous voici à la dernière tétrade d’Ānāpānasati. Le dharma dans le bouddhisme et l’hindouisme, tel qu’on peut aussi le lire dans certains sutta (sutta signifiant un traité philosophique. Sutta ayant donné sutra), signifie la loi qui régit l’ordre, l’organisation et la disposition des choses aussi bien sur le plan mental, social, religieux ou cosmique. Il convient d’appréhender cela comme tous les phénomènes du monde et pas seulement les phénomènes mentaux.
Durant la 4e tétrade et les 4 dernières étapes, seule la contemplation sera de mise. Ces 4 étapes sont subordonnées à l’intensité du lâcher prise que vous avez pu avoir durant l’étape précédente. Cette étape surgit lorsque la psyché ou l’esprit devient immobile et vigilant. Elle livre alors accès à la connaissance transcendante. C’est ici que la mort de l’ego s’opère. Petit à petit. C’est ici où vous ferez l’expérience dite du « non-Soi ». Voyons ces phases plus en détail.
Phase 13. Contemplant l’impermanence
J’inspirerai / j’expirerai en contemplant le temporaire.
En tant pratiquant sur une voie spirituelle, soyez juste en contemplation de toute l’impermanence en vous et autour de vous. Ne soyez pas en concentration, surtout pas. Ne cherchez pas non plus des images. Laissez votre esprit (the mind) libre. Ce sont des facteurs de lâcher prise fondamentaux. Contemplez l’absence de continuité. C’est une énergie spirituelle subtile.
C’est comme si tout n’était que pensées volantes. Fumée sans substance. Vous devenez uniquement un récepteur radio qui capte des ondes spécifiques qui se traduisent en visions, sensations, émotions, idées et qui se projettent devant les yeux de votre esprit comme un film projeté dans une salle de cinéma sur un grand écran. Le film n’existe pas en réalité, ce sont uniquement des informations binaires qui circulent. C’est la sensation que vous pourrez vivre durant cette phase. C’est comme un grand rêve lucide.
Phase 14. Contemplant l’absence de passion
J’inspirerai / j’expirerai en contemplant le détachement.
Ici c’est une façon de se détacher des phénomènes du monde. Contemplez tous les phénomènes du monde qui vous entourent et qui vivent en vous. Laissez passez toutes les formations de votre mental, toutes les images aussi. Ne cherchez pas à avoir une compréhension des choses. Il n’y aucune compréhension à avoir.
Observer le début, le milieu et la fin de toute chose. En observant chaque phénomène psychique avec un début, un milieu et une fin, en contemplant qu’aucun phénomène ne peut se reproduire deux fois consécutivement de la même manière, le détachement se fera de lui-même.
La passion aux phénomènes du monde s’estompe alors tout doucement. Parfois la peur de mourir peut se faire ressentir chez le pratiquant débutant. Dites-vous alors simplement que vous êtes juste en train de faire une expérience spirituelle psychique et qu’à tout moment vous pouvez l’arrêter en ouvrant les yeux. Contempler à ce stade est intuitif. Il y a une forme d’absorption psychique. La respiration est même totalement oubliée, le corps aussi.
Phase 15. Contemplant l’extinction
J’inspirerai / j’expirerai en contemplant l’arrêt.
Dans le bouddhisme, il est dit qu’en observant le début, le milieu et la fin de tous les phénomènes psychique, l’arrêt, l’extinction, la mort, la fin de chaque phénomène prend alors sens. La fin d’un son, d’une sensation, d’une idée, sa propre mort, sa mort psychique, sa mort physique.
Contempler la finalité des phénomènes psychiques et l’ultime contemplation pour pouvoir atteindre la phase finale d’Ānāpānasati. Cette dernière phase n’est pas une nouvelle version de vous-même, ce n’est pas non plus la perfection de cette version de vous-même. C’est un espace où les formations de l’esprit (the mind) se dissolvent. C’est aussi un espace où les facteurs mentaux disparaissent.
Prenez le temps de cette contemplation. Elle peut avoir un caractère désagréable pour les occidentaux, pour qui la mort signifie la Fin avec un grand F et un gros Point Final. Regardez le nombre de respirations que vous avez faites depuis votre naissance. Aucune d’entre elles ne ressemble à une autre. Chacune d’entre elles est née, a vécu, et n’est plus. Mais jamais la respiration ne s’est arrêtée. Contempler l’arrêt des phénomènes, c’est transcender les phénomènes. C’est quand il n’y a plus rien que tout commence.
Phase 16. Contemplant l’abandon
J’inspirerai / j’expirerai en contemplant le lâcher-prise.
Nous voici au terme de la méditation bouddhiste Ānāpānasati. Cette phase tout comme les 3 précédentes se produit d’elle-même ou ne se produit pas. Ce sera en fonction de la pénétration que vous aurez dans les phases précédentes que vous atteindrez les phases suivantes. Elle ne devrait pas être recherchée, mais être vécue. Vous devez vous sentir absorbé par elle, et non la vouloir ou la forcer voire l’imaginer. Ne cherchez pas à construire des images. Lorsque vous contemplez l’abandon, vous êtes dans un état en cours de conscience modifié ultime. Vous vivez une transcendance parfaite.
C’est la mort psychique de Carl Gustav Jung qui se produit ici. C’est la mort de l’ego, de l’identité empruntée, c’est le retour à la source. Source divine pour certains, source créatrice pour d’autres, sources énergétiques pour d’autres encore. Peu importe, il est des états de conscience modifiés que nos âmes comprennent et que notre mental ainsi que sa logique ne saisissent pas.
Parmi les livres inspirant sur le sujet, découvrez le livre de Mika : La voie des Soulminders.
Épilogue
J’espère que cet article vous aura motivé à pratiquer cette méditation d’exception. Elle vous ouvre la voie royale aux expériences de conscience modifiée, aux états de transcendance, à la mort de l’égo, à l’alignement vers le soi et à l’évolution spirituelle. L’intégralité de ces états sont accessibles à tout un chacun et ne demande pas de facteurs extérieurs à sa réalisation. Certains y parviennent en une méditation, d’autres en plusieurs. Certains n’y arrivent qu’une fois, d’autres de manière répétée. Tout cela dépendra uniquement de votre état d’esprit et de votre ouverture de cœur puis de votre foi.
Pas besoin de pratiquer le bouddhisme non-plus, ni d’en avoir une parfaite compréhension. Soyez juste dans le cœur, lâchez les images et chacun d’entre vous atteindra cet espace du samadhi avec de la pratique.
HEALIN : Protocole énergétique de guérison intérieure.
Ānāpānasati au quotidien.
Pour être efficiente, la méditation doit être accompagnée d’actes bienveillants au jour le jour. Cela signifie que s’asseoir sur le zafu n’est qu’une façon de manifester la continuité de nos actions journalières et vice-versa. Comme me l’a dit un jour un moine bouddhiste à Dharamsala en Inde : il n’y a pas de différence entre ton rêve de jour et ton rêve de nuit … Il n’y a pas de différence entre Ānāpānasati et notre vie au quotidien.
Si vous voulez atteindre un autre step, voici une séance complète de la méditation Ānāpānasati sous format mp3 en téléchargement ici :
Saisissez l’occasion de vous inscrire au programme de méditation guidée mensuelle que j’ai conçu : La méditation est un art de vivre . Il s’agit d’un programme d’un an entièrement gratuit à télécharger et que j’aurais pu appeler “la méditation est une philosophie de vie”!
Quelques livres à découvrir :
- Sur le site Le Dhamma de la forêt vous pouvez trouver tous les livres d’Ajahn Chah.
- Les livres d’Alain Durel(livres sur le bouddhisme et livres de philosophie).
Quant à moi, je vous dis à bientôt en ligne pour continuer à apprendre, évoluer et partager ensemble.
“Prier c’est l’art de demander à dieu. Méditer c’est l’art de communiquer avec soi”. Puisse la paix régner sur Terre et dans le cœur des êtres … Mika
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Thierry Blancheton
Je suis devenu Soulminder le jour de ma première rencontre avec Mika à Bali en 2013. Depuis, je continue de cheminer, d’apprendre et de jouer consciemment mon rôle d’accompagnateur. Ma vie est riche d’expériences et mes compétences ressemblent à un couteau suisse.
J’aime à rappeler le proverbe chinois :
« La connaissance, c’est d’avoir la bonne réponse. L’intelligence, c’est d’avoir la bonne question. »